A propos des arguments de M. Duvergne repris dans l'article de la Nouvelle République du 29/10/08 :"La NR Indre et Loire / Chinon / Environnement / 29.10.08 / Incinérateur : J.-P. Duvergne répond et accuse"
- 2,5 camions de plus par jour pour 15.000 à 20.000 tonnes de déchets de plus par an ?
Ceci voudrait dire qu'à l'heure actuelle, il n'y aurait que 2,5 camions par jour qui se rendent à l'incinérateur actuel, puisque celui-ci traite déjà 15.000 à 20.000 tonnes par an. Il suffit de se poster à l'entrée de l'incinérateur pour constater qu'il y a beaucoup plus de camions que ça, tout simplement parce que chacun de ces camions transporte seulement quelques tonnes de déchets, et non pas 26,8 tonnes par camion comme le sous-entend le calcul de M. Duvergne.
- Les dépôts de dioxines et métaux lourds mesurés autour de l'incinérateur de Chinon sont équivalents à ceux d'une zone rurale sans impact d'installations industrielles ?
Mais alors que sont devenues les très importants rejets de dioxines, furanes et métaux lourds émis en grande quantité pendant 18 ans par les fumées de l'incinérateur, avant qu'il ne soit mis aux normes européennes, à partir de 2001 seulement ? Ces dépôts récents n'ont pas pu disparaître comme par enchantement, ils sont là où on les retrouve toujours, c'est-à-dire dans les couches supérieures des sols, dans la végétation, et sans doute dans les tissus graisseux des personnes travaillant à l'hôpital depuis les années 80. Et ceci fait planer un sérieux doute sur la crédibilité de l'ensemble des mesures et chiffres mirobolants que nous assène M. Duvergne pour vanter les mérités de l'incinérateur actuel et de celui qu'il veut construire à côté. S'il est si facile d'être "à plus de 90 % en dessous des normes européennes pour les rejets de dioxines, furanes et métaux lourds", on se demande pourquoi ces normes ne sont pas rendues plus sévères de 90 %. M. Duvergne devrait vite transmettre ses découvertes technologiques aux autorités sanitaires européennes. En réalité, il serait préférable qu'un laboratoire indépendant procède à des contrôles fiables sur les fumées et les dépôts toxiques pour éviter tout soupçon de connivence et d'arrangement.
- Les émissions de dioxines par les incinérateurs représentent 7 % du total des émissions de dioxines en France ?
Peut-être, cela reste à prouver de manière incontestable, mais on pourrait dire aussi que pour les personnes vivant ou travaillant à proximité d'un incinérateur, les dioxines émises par cet incinérateur représentent plus de 90% du total des dioxines auxquelles elles sont exposées, et que cette exposition aux dioxines est de 90 % supérieure à celle de la moyenne de la population française. Ou alors, est-ce que M. Duvergne veut dire que les cancers dus aux dioxines des incinérateurs ne représentent que 7 % des cancers en France, ce qui à ses yeux n'est pas grand chose ... Le raisonnement de M. Duvergne est absurde en termes de santé publique.
- Un seul kilogramme de déchets brûlés à l'air libre pollue autant que 100 tonnes traitées dans une usine d'incinération ?
Ce serait formidable, et pour tout dire une révolution scientifique sans précédent, mais malheureusement, 100 tonnes de déchets traitées par un incinérateur produisent : 6,7 tonnes de fumées répandues dans l'atmosphère (dont des dioxines, des furanes et des métaux lourds, plus des centaines d'autres molécules polluantes dont la majorité n'a fait l'objet à ce jour d'aucune recherche toxicologique), 300 kilos de résidus hautement toxiques issus du filtrage des fumées et 3 tonnes de mâchefers toxiques à stocker précautionneusement.
Manifestement, M. Duvergne est intoxiqué par les arguments fallacieux du riche et puissant lobby de l'incinération. Et ceci l'amène à nous prendre pour des imbéciles. C'est extrêmement facheux...
Voyez ici l'un des nombreux articles de la presse récente sur le combat de Bonduelle (n°1 mondial des légumes en conserve) contre un projet d'incinérateur à proximité de l'une de ses usines de mise en boîtes de légumes : Bonduelle fulmine contre l'incinérateur
Ce qui est mauvais pour les petits pois Bonduelle devrait l'être aussi pour une maternité et un hôpital, et pour l'AOC des vins de Chinon ...
Ne serait-il pas plus sage d'appliquer le principe de précaution constitutionnel ? C'est justement ce que propose la Coordination nationale médicale Santé et Environnement, un collectif de 3000 médecins, qui réclame un moratoire sur la construction de nouvelles usines d'incinération. Incinérateurs : moratoire ou pas ?- Actu-Environnement.com - 14/04/2008
Michel Fiszbin, ingénieur chimiste, Chinon, membre du Collectif Chinonais Environnement