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Informations peu connues sur la Centrale Nucléaire de Chinon et sur la sécurité de ses riverains

Suite à la réunion publique d’information sur la Centrale Nucléaire qui a eu lieu le mardi 23 juin à la Mairie de Chinon (une centaine de participants), je vous passe quelques informations marquantes apportées par nos invités associatifs membres de la CLI (Commission Locale d'Information de la Centrale, composée d’élus locaux et de représentants de la société civile) ainsi que celles qui ont surgit lors de la discussion qui a suivi leur présentation. Cette synthèse est forcément partielle et elle n’engage que moi.
 
1. La CLI ne fonctionne pas comme elle le devrait et ne remplit pas correctement les missions d’information et de vigilance que lui fixe la loi. Par exemple, son budget de communication n’est pas suffisant pour qu’elle dispose d’un site web (alors que la plupart des CLI des centrales nucléaires en ont un, voir ici : http://www.anccli.org/les-cli-et-lanccli-en-chiffres) et qu’elle puisse éditer régulièrement un bulletin d’information qui serait distribué dans les boites aux lettres de tous les habitants des communes avoisinantes. Autre exemple : les demandes d’information complémentaires à EDF restent trop souvent sans réponses, surtout celles émanant des délégués d’associations cotoyennes, comme le rapporte Jean-Claude Renoux, membre de la CLI représentant l’association ASPIE. Les participants ont convenu d’intervenir plus vigoureusement auprès du Conseil Départemental, qui gère cette CLI et la préside, pour qu’il soit remédié rapidement à cette situation dommageable. Le Collectif Chinonais Environnement va siéger en tant que tel à la CLI, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Ce sera l’un de ses engagements que d’essayer d’améliorer le fonctionnement de la CLI et de rendre compte de ses travaux et de ses empêchements à la population du Chinonais.
 
2. Les rejets autorisés qu’effectue la centrale de Chinon dans la Loire et dans l’atmosphère de produits chimiques et d’atomes radioactifs (Tritium, Iode, Carbone 14…) sont loin d’être négligeables. La liste de ces produits et les quantités autorisées sont même impressionnantes. Si l’on y ajoute les rejets accidentels se produisant parfois et dépassant les limites légales (les derniers ont eu lieu en 2014, rejets de liquides non-recyclés dans la Loire, sur une longue durée, en raison de la panne d’un évaporateur), une meilleure information des riverains et des usagers de la Loire est absolument nécessaire, une information objective et compréhensible par tous. De ce point de vue, il nous a semblé que la Nouvelle République ne nous informait pas correctement, en se contentant de relayer les communiqués de presse triomphalistes et lénifiants de la direction EDF de la Centrale. On pensait jusqu’à présent qu’une centrale nucléaire ne rejetait aucun produit toxique vers l’extérieur de son enceinte. Cela n’est pas du tout le cas.
Voici l’exposé très simple présenté à ce sujet par Dominique Boutin, membre de la CLI au nom de l’association SEPANT et expert auprès de l'ASN (l’Autorité de Sureté Nucléaire, le gendarme du nucléaire), qui inclut la liste des déchets chimiques et radioactifs que la Centrale est autorisée à rejeter dans la Loire et dans l’atmosphère : La DARPE de l’INB


3. Sur le site de la Centrale de Chinon, deux réacteurs nucléaires réformés sont en cours de démantèlement,
ainsi que l’Atelier des Matériaux Irradiés (AMI). En 2014, ces démantèlements ont généré 2.500 tonnes de déchets radioactifs évacués ou stockés sur place. Ceci en plus des 96 tonnes de combustibles usagés (uranium et plutonium) issus en 2014 des 4 réacteurs en activité. De plus, notre centrale héberge un Magasin Inter-Régional (MIR) de stockage de combustible neuf destiné aux centrales du parc nucléaire français. Ce magasin de stockage et de distribution de combustible neuf occasionne un important traffic ferroviaire (via la gare de Port Boulet) et routier de matériaux hautement radioactifs sans rapport avec le fonctionnement de la centrale de Chinon. Au total, nous découvrons l’ampleur insoupçonnée des transports tous azimuts de matériaux radioactifs qui entourent notre centrale, sans information particulière des riverains.

 
4. Le 28 mai dernier a eu lieu un exercice d’alerte avec simulation d’un grave accident nucléaire à la centrale de Chinon. Philippe Gardelle pour le groupe local SdN - Touraine et Dominique Boutin pour la SEPANT y assistaient à deux endroits différents en tant que membres de la CLI. Voici le compte rendu de Philippe Gardelle, qui pointe du doigt la « désorganisation » inquiétante qui a marqué le déroulement de cet exercice : CR exercice de crise 28 mai 2015
 
 
5. Au cours de la réunion d’information, l’expert du nucléaire nommé par le Conseil Départemental à la CLI a annoncé que la centrale de Chinon n’était plus sous surveillance renforcée de l’Autorité de Sûreté Nucléaire depuis début juin 2015. Notre centrale était sous ce statut depuis 2010 en raison de graves manquements à ses obligation d’exploitation en matière de sûreté et de sécurité. Nous avons demandé à l’ASN de confirmer cette information, qui n’est pas encore officielle, et voila la réponse qu’elle m'a transmise : 
 
«  La surveillance renforcée a été levée, mais l’ASN garde un œil attentif sur Chinon.
En pratique, le nombre des inspections qui seront effectuées cette année à Chinon va rejoindre le nombre moyen des inspections que nous effectuons sur les autres sites. En revanche, nous réservons dans nos ordres du jour d’inspection à Chinon des plages spécifiques sur les points faibles que nous signalons dans le rapport annuel.
La présentation du bilan 2014 pour la plénière du 7 juillet de la CLI reprendra ces éléments.
Je n'ai malheureusement pas d'autre publication officielle de l'ASN plus précise.
Les progrès constatés par la centrale de Chinon n'ayant pas gommé des points faibles dans plusieurs domaines particuliers (je vous renvoie au rapport annuel), le contrôle que nous exerçons à la centrale de Chinon reste particulier.
En espérant avoir répondu à votre demande d’éclaircissement,
Pierre Boquel
ASN Orléans » 
 
On peut en déduire que la centrale de Chinon va mieux après avoir été longtemps dans le rouge, mais qu’elle n’est pas encore dans les clous. Elle reste l’une des centrales nucléaires françaises les moins bien notée par l’ASN.
 
 
6. Jean-Marie Frontini, membre de la CLI pour l’association ALISÉE, a présenté la situation alarmante des salariés des entreprises sous-traitantes d’EDF qui se chargent de la maintenance et du nettoyage des centrales nucléaires, les travaux les plus « sales » et les plus dangereux. Je vous joins le fichier de sa présentation, très accessible elle aussi et très éloquente, voire accablante : sstrait et nuc
 
 
En conséquence, une rencontre des représentants des associations et des représentants des syndicats de salariés siégeant à la CLI va être organisée rapidement afin d’envisager des actions communes visant à essayer d’améliorer les conditions de travail des salariés de la sous-traitance. 
 
7. La prochaine distribution de comprimés d’iode aux habitants aura lieu au premier semestre 2016. Nous en serons tous informés par courrier cet automne. C’est la promesse que nous a fait le Préfet d’Indre et Loire. Les comprimés que nous avons actuellement (si nous habitons dans un rayon de 10 km autour de la centrale) ont été fabriqués en 2009. Ils seront tous périmés à la mi-2016, après que leur durée de validité ait été prolongée deux fois d’un an depuis 2014 sans que l’on sache très bien pourquoi ni comment, pour passer de 5 ans à 7 ans. Ces comprimés permettent de saturer la glande thyroïde en iode stable en cas d‘accident nucléaire avec émission d’iode radioactif dans l’atmosphère, pour prévenir les cancers de la thyroïde. Si vous n’avez pas ces comprimés, vous pouvez les retirer gratuitement dans votre pharmacie habituelle (si vous habitez à moins de 10 km de la centrale, ce qui est le cas de toute la commune de Chinon, par exemple).
 
8. Le Plan Particulier d’Intervention (PPI) en cas d’accident nucléaire à la centrale a été mis à jour. En conséquence, les documents d’information appelés DICRIM (Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs, Agir face au danger) vont être réimprimés et redistribuer à l’ensemble de la population des communes de la zone à risque autour de la centrale (celles situées dans un rayon de 10 km autour de la centrale) à l’automne 2015. C’est la promesse que nous a fait le Maire de Chinon et Président de la Communauté de Communes Chinon Vienne et Loire, Jean-Luc Dupont. Il tiendra des réunions de quartier pour présenter ce nouveau document et répondre à nos questions. La version actuelle de ce document est disponible en Mairie sur simple demande. Il indique notamment les points de rassemblement quartier par quartier en cas d’évacuation. Il décrit les conduites à tenir et le signal d’alerte très particulier émis par les sirènes en cas d’accident nucléaire. Vous pouvez entendre ce signal d’alerte en composant ce numéro de téléphone : 0800 50 73 05 (appel gratuit). Certaines dispositions de ce Plan sont discutables à la lumière des retours d’expériences de l’accident récent de Fukushima au Japon. La population n’a pas été associée à l’élaboration de ce plan d’urgence. En voici deux pages : Brochure DICRIM-1
 

9. Pour terminer, si vous souhaitez avoir une vision plus globale de l’état actuel du nucléaire français, je vous recommande de prendre connaissance de ce diaporama très récent de Greenpeace, qui est certes très orienté, mais dont toutes les informations sont exactes : 
Nucléaire : 5 mythes économiques décryptés

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